mardi 14 mars 2017

LES HATHAWAY - Tome 5 : L'amour l'après-midi


Lisa Kleypas
Les Editions J'ai lu (2011)
Sortie originale 2010
375 pages 

Synopsis :
Amoureuse des animaux et de la nature, Beatrix Hathaway a toujours été plus à l’aise à l’extérieur que dans les salles de bal. Bien qu’elle ait eu droit à sa saison, elle n’a jamais été séduite ni sérieusement courtisée. Elle s’est résignée à ne jamais trouver l’amour. Le temps est-il arrivé pour Beatrix de trouver un homme ordinaire pour s’installer ? Le capitaine Christopher Phelan est un soldat séduisant qui a décidé d’épouser la meilleure amie de Beatrix, Prudence Mercer, quand il reviendra au pays. Mais, comme il l’explique dans ses lettres à Pru, le champ de bataille l’a changé et il est évident que c’est un homme très différent qui reviendra à Londres. Quand Beatrix réalise la déception de son amie, elle décide d’aider en écrivant des lettres à Christopher signées du nom de Pru. Bientôt la correspondance entre Beatrix et Christopher fait naître une relation profonde entre eux et quand Christopher revient, il est bien décidé à faire sienne la femme qu’il aime. Ce qui avait commencé comme un innocent subterfuge va alors se transformer en une souffrance aiguë pour Beatrix.


« À l'extérieur, elle était heureuse et épanouie ; à l'intérieur, la vie ne lui paraissait plus aussi parfaite. De plus en plus souvent, elle prenait conscience d'un pénible sentiment d'insatisfaction. Ou d'envie. Son problème, c'est qu'elle n'avait jamais rencontré l'homme idéal. Les spécimens pâles et maniérés rencontrés dans les salons londoniens étaient évidemment exclus. Mais même parmi les hommes plus robustes et séduisants de la campagne, aucun ne possédait ce quelque chose d'indicible auquel elle aspirait. Elle voulait être passionnément aimée... provoquée... emportée ».

Et voilà, c’est par un joli coup de cœur que je conclue la saga Les Hathaway. Ce 5ème tome est consacré à Beatrix, la benjamine de la famille. Cette jolie brune m’a vraiment enchantée par sa personnalité et par la manière dont elle va finir par conquérir le cœur du capitaine Phelan alors qu’au début ce n’était pas gagné puisque celui-ci avait des à priori très négatifs envers les Hathaway, notamment la jolie Beatrix qui n’a jamais caché son anticonformisme…..

L'amour l'après-midi m’a fait passer par une grande palette d’émotions, tout au long de ma lecture mais ce que j’en retiens le plus c’est la passion que nos deux héros auront mis à se confronter constamment sur divers sujets....Qui aurait pu penser que Beatrix Hathaway, que nous avons connue toute jeune deviendrait cette belle jeune femme passionnée qui brûle d’amour secrètement pour un homme qui n’a que du mépris pour elle puisque cet idiot est aveuglé par ses certitudes et notamment le fait que les sublimes lettres qu’il a reçues lorsqu’il était à la guerre venaient de la très belle mais si superficielle et égocentrique Prudence Mercer…..

Vous l’aurez compris, L'amour l'après-midi est une sorte de Cyrano de Bergerac revisité à la sauce Kleypas et je dois dire que j’ai été totalement éblouie par cette histoire si romantique ! 


« Elle eut conscience que le chien revenait en bondissant vers elle, la langue pendante. Il se tourna de nouveau vers son maître comme pour lui dire : « Regarde ce que j'ai trouvé ! » Après avoir longuement expiré, Beatrix leva les yeux vers l'homme qui s'était arrêté à quelques pas. Christopher. Le monde parut cesser de tourner. Beatrix essaya de comparer l'homme qui se tenait devant elle avec le fringant séducteur dont elle gardait le souvenir. Il semblait presque impossible que ce fût la même personne. Elle n'avait plus sous les yeux un dieu descendu de l'Olympe, mais un guerrier endurci par les épreuves. Il avait le teint presque cuivré, et ses cheveux blond foncé étaient coupés court. Son visage était impassible. Comme il paraissait sombre et solitaire ! Elle aurait voulu courir à lui. Le toucher. Ne pas bouger exigea d'elle un tel effort que ses muscles en tremblèrent. Quand elle parla, sa voix manquait d'assurance.
— Bienvenue à Stony Cross, capitaine Phelan. Il garda le silence, les yeux fixés sur elle sans paraître la reconnaître. Seigneur Dieu, ces yeux... De glace et de feu, ils la transperçaient.
—  Je suis Beatrix Hathaway, articula-t-elle. Ma famille...
—  Je me souviens de vous. Le velours rude de sa voix lui caressa délicieusement l'oreille. Fascinée, déconcertée, Beatrix scruta le visage circonspect de Christopher Phelan. Pour lui, elle était une étrangère, mais le souvenir de ses lettres était entre eux, même s'il n'en avait pas conscience ».

« —Comment va Prudence ? l'entendit-elle demander. Le frémissement contenu dans sa voix lui fit mal.
— Bien, je crois. Elle est à Londres pour la saison. Elle hésita avant de préciser :
—  Nous sommes toujours amies, mais peut-être plus aussi proches qu'auparavant.
—  Pourquoi ? Son regard était alerte, à présent. Manifestement, toute allusion à Prudence vous valait aussitôt son entière attention. « À cause de vous, répondit Beatrix en son for intérieur. Je m'intéresse à vous, et elle s'intéresse à votre héritage. » Elle se força à esquisser un sourire ironique.
— Il semblerait que nous ayons des intérêts différents...
— Vous ne sortez pas vraiment du même moule. Percevant la pointe de sarcasme dans sa voix,Beatrix l'observa avec curiosité, la tête légèrement inclinée.
— Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Il hésita.
— Simplement que Mlle Mercer est conventionnelle. Et que vous... vous ne l'êtes pas. Son ton était empreint d'une imperceptible condescendance, qui n'échappa cependant pas à Beatrix. Toute la compassion et la tendresse qu'elle avait pu éprouver disparurent d'un coup quand elle comprit que Christopher Phelan n'avait pas changé sur un point : il ne l'appréciait toujours pas.
— Je ne voudrais pour rien au monde être une personne conventionnelle, répliqua-t-elle. Elles sont en général ennuyeuses et superficielles. Apparemment, il prit cela comme une critique envers Prudence.
— Comparées à celles qui apportent un animal nuisible pour les jardins dans les pique-niques ? Personne ne pourrait vous accuser d'être ennuyeuse, mademoiselle Hathaway. Beatrix sentit le sang se retirer de son visage. Cette attaque directe lui coupa presque le souffle.
— Vous pouvez m'insulter, parvint-elle. Dieu sait comment, à riposter, mais laissez mon hérisson tranquille ! Sur ce, elle fit volte-face et s'éloigna au pas de charge. Albert gémit, puis fit mine de la suivre, obligeant Christopher à le rappeler au pied. Beatrix ne s'autorisa pas un regard en arrière. C'était déjà terrible d'aimer un homme qui ne vous aimait pas en retour, mais c'était bien pire d'aimer un homme à qui vous déplaisiez souverainement. La pensée ridicule lui vint qu'elle aurait aimé décrire à son Christopher l'étranger qu'elle venait de rencontrer. Il s'est montré si méprisant, lui aurait-elle écrit. Il m'a rejetée comme quelqu'un qui ne mériterait pas une once de respect. De toute évidence, il me considère comme une sauvageonne, plutôt folle. Le pire, c'est qu'il a probablement raison ».

3#-L’intelligence et le sens de la répartie de Beatrix : Alors que l’on aurait pu penser que de vivre plus souvent auprès des animaux allaient la rendre « asociale », finalement, on se rend compte que la jeune femme est plutôt à l’aise en société. De par son éducation moderne et éclairée (avec la famille qu’elle a, c’est normal), elle est au courant de l’actualité politique et militaire de son pays contrairement aux autres jeunes femmes de son âge, notamment Prudence la bécasse, Prudence la pétasse….

« —  Comment se fait-il que tu sois si bien informée ?
—  Il y a des comptes rendus quotidiens dans le Times. Tu ne lis pas les journaux ?
—  Pas les pages politiques. Mes parents trouvent inconvenant qu'une jeune femme s'intéresse à de telles choses.
—  Dans ma famille, il y a des discussions politiques tous les soirs à table, et mes sœurs et moi y prenons part. Beatrix observa un silence délibéré avant d'ajouter avec un sourire espiègle :
— Nous avons même des opinions. Prudence ouvrit de grands yeux.
— Bonté divine ! En fait, je ne devrais pas être surprise. Tout le monde sait que votre famille est... différente. « Différente » était un adjectif bien plus aimable que la plupart de ceux utilisés pour décrire la famille Hathaway, qui comptait cinq membres. Léo était l'aîné, venaient ensuite Amelia, Winnifred, Poppy et Beatrix. Après la mort de leurs parents, la vie des Hathaway avait pris un tour radicalement nouveau. Une succession d'événements inattendus avait permis à Léo d'hériter d'un titre de vicomte, destin auquel ni lui ni ses sœurs n'avaient été préparés. Ils avaient dû quitter leur petit village de Primrose Place pour prendre possession du domaine Ramsay, dans le Hampshire. En six ans, ils avaient appris les règles élémentaires pour s'adapter en société. Toutefois, aucun d'entre eux n'avait acquis la manière de penser de l'aristocratie ni adopté ses valeurs ou ses préjugés. Tandis que n'importe quelle autre famille, dans des circonstances similaires, aurait entrepris de s'élever par des unions avantageuses, les Hathaway avaient choisi de se marier par amour ».

« —  Elle s'appelle Lucky. Elle ronronnera si vous la caressez. Le vieux monsieur regarda l'animal, le visage inexpressif. Puis, à la stupéfaction de Christopher, il se mit à le caresser.
—  Il lui manque une patte, fit-il remarquer à Beatrix.
—  Oui. Je l'aurais bien appelée Nelson, comme l'amiral manchot, mais c'est une femelle. Elle appartenait au crémier jusqu'à ce qu'elle se prenne la patte dans un piège.
—  Pourquoi l'avez-vous appelée Lucky ?
—  J'espérais que cela lui porterait chance.
—  Et cela a marché ?
—  Eh bien, elle est assise sur les genoux d'un comte, non ? répliqua Beatrix, arrachant un éclat de rire au comte en question.
—  Elle a eu de la chance d'être capable de s'adapter, commenta-t-il.
—  Si vous l'aviez vue après son amputation. La pauvre essayait toujours de marcher sur sa patte absente. Et puis un jour, elle a semblé accepter le fait que sa patte était partie pour de bon. Et elle est devenue presque aussi agile qu'avant. Le truc, ajouta-t-elle, c'était d'oublier ce qu'elle avait perdu... et d'apprendre à continuer avec ce qui lui restait. Annandale la dévisagea, fasciné.
— Quelle jeune femme intelligente vous êtes. Quand Beatrix et Annandale se lancèrent dans une discussion passionnée, Christopher et Audrey échangèrent un regard perplexe.
—  Les hommes ont toujours adoré Beatrix, fit Audrey à mi-voix, les yeux pétillants. Tu croyais que ton grand-père lui résisterait ?
—  Oui. Il n'aime personne.
—  Apparemment, il fait une exception pour les jeunes femmes qui flattent sa vanité et paraissent boire ses paroles.
—  Je ne comprendrai jamais pourquoi elle ne s'est pas mariée plus tôt. »

4#-Les horreurs de la guerre : Dans ce 5ème tome, l’auteure nous montre les traumatismes subis par les soldats au XIXème siècle où une simple petite blessure pouvait se transformer en infection généralisée et conduire à la mort. Les manières de mourir étaient multiples (il suffit par exemple de regarder des photos de gueules cassées des soldats de la Première guerre mondiale pour se rendre compte de l’horreur des champs de bataille)…Mais dans ce livre, il est aussi question du syndrome post-traumatique que subissent certains soldats lorsqu’ils reviennent à la « vie civile »…..Evidemment, au XIXème siècle les maladies psychiques n’étaient pas soignées, elles n’avaient pour la plupart même pas de nom scientifique. Mais comme Lisa Kleypas, (contrairement à Jane Austen, par exemple), est une femme de notre époque actuelle et sait, comme nous tous, combien un choc psychologique peut devenir destructeur s’il n’est pas soigné, il est donc très judicieux de sa part d’avoir inclut cet élément dans son récit, déjà, pour étoffer la personnalité de notre héros Christopher, mais aussi pour permettre à la douce et très intelligente Beatrix de faire ce qu’elle sait faire le mieux : Apprivoiser une bête sauvage…..Et croyez-moi, quand le Capitaine Phelas revient de la guerre, de l’enfer qu’il a vécu là-bas, des souvenirs de ses amis qui sont morts autour de lui, des regrets qui le rongent pour ne pas avoir pu en sauver certains, on peut dire que Beatrix va avoir du pain sur la planche pour tenter de lui réapprendre à aimer la vie…..

4#-Beatrix et son amour des animaux : En plus de sa beauté, il y a sa gentillesse, son empathie et son instinct presque « animal » qui lui permet de comprendre toutes les créatures vivantes qui passent à sa portée, que ce soit des mulets un peu tordus, des chiens grognons, des hérissons obèses, des chattes à trois pattes ou un jeune homme beau et fier qui la regarde comme si elle, et sa famille, venaient d’une autre planète…..Aimant moi-même énormément les animaux (tiens, encore ce week-end, dans mon terrain à la campagne, j’ai eu la chance de tenir dans mes mains une petite couleuvre à collier ! Cela a illuminé ma journée car je me rends bien compte que j’ai une chance inouïe d’avoir un terrain de 8 hectares, avec une rivière « à moi » et tous les merveilleux animaux qui peuplent la nature normande, dont cette ravissante petite couleuvre !). Alors oui, je comprends Beatrix, je suis même en parfaite connexion avec elle puisque moi aussi, j’ai des hérissons « apprivoisés » dans mon jardin (de ma maison, pas de mon terrain à la campagne). C’est une héroine qui me touche au cœur et vu la famille dans laquelle elle grandit, bien entendu qu’elle ne peut être que la petite dernière chouchoutée (mais attention, pas pourrie gâtée !) juste aimée et estimée comme une personne à la grande valeur morale et humaine (je me fie totalement aux personnes qui aiment les animaux…A contrario, je me méfie des gens qui disent ne pas aimer les animaux et qui, par exemple, ne ressentent aucune compassion pour ce qui se passe dans les abattoirs…). Pour revenir à Beatrix, ce qui m'a aussi interloquée (et fait rire), c'est que dans son innocence de jeune femme vierge, mais sa connaissance du monde des animaux, elle va présenter son dos (et ses fesses) à Christopher quand celui-ci va commencer à être très entreprenant.....Ce passage se fait à un moment assez intense puisque nous sommes en pleine dispute et le jeune homme commence à être incontrôlable.....Mais du coup, il est tellement surpris par la réaction de la jeune femme que finalement, cela le calme et jouera totalement en la faveur de Beatrix, qui marque un point supplémentaire auprès du beau soldat....


« Elle eut conscience que le chien revenait en bondissant vers elle, la langue pendante. Il se tourna de nouveau vers son maître comme pour lui dire : « Regarde ce que j'ai trouvé ! » Après avoir longuement expiré, Beatrix leva les yeux vers l'homme qui s'était arrêté à quelques pas. Christopher. Le monde parut cesser de tourner. Beatrix essaya de comparer l'homme qui se tenait devant elle avec le fringant séducteur dont elle gardait le souvenir. Il semblait presque impossible que ce fût la même personne. Elle n'avait plus sous les yeux un dieu descendu de l'Olympe, mais un guerrier endurci par les épreuves. Il avait le teint presque cuivré, et ses cheveux blond foncé étaient coupés court. Son visage était impassible. Comme il paraissait sombre et solitaire ! Elle aurait voulu courir à lui. Le toucher. Ne pas bouger exigea d'elle un tel effort que ses muscles en tremblèrent. Quand elle parla, sa voix manquait d'assurance.
— Bienvenue à Stony Cross, capitaine Phelan. Il garda le silence, les yeux fixés sur elle sans paraître la reconnaître. Seigneur Dieu, ces yeux... De glace et de feu, ils la transperçaient.
—  Je suis Beatrix Hathaway, articula-t-elle. Ma famille...
—  Je me souviens de vous. Le velours rude de sa voix lui caressa délicieusement l'oreille. Fascinée, déconcertée, Beatrix scruta le visage circonspect de Christopher Phelan. Pour lui, elle était une étrangère, mais le souvenir de ses lettres était entre eux, même s'il n'en avait pas conscience ».

« —Comment va Prudence ? l'entendit-elle demander. Le frémissement contenu dans sa voix lui fit mal.
— Bien, je crois. Elle est à Londres pour la saison. Elle hésita avant de préciser :
—  Nous sommes toujours amies, mais peut-être plus aussi proches qu'auparavant.
—  Pourquoi ? Son regard était alerte, à présent. Manifestement, toute allusion à Prudence vous valait aussitôt son entière attention. « À cause de vous, répondit Beatrix en son for intérieur. Je m'intéresse à vous, et elle s'intéresse à votre héritage. » Elle se força à esquisser un sourire ironique.
— Il semblerait que nous ayons des intérêts différents...
— Vous ne sortez pas vraiment du même moule. Percevant la pointe de sarcasme dans sa voix,Beatrix l'observa avec curiosité, la tête légèrement inclinée.
— Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Il hésita.
— Simplement que Mlle Mercer est conventionnelle. Et que vous... vous ne l'êtes pas. Son ton était empreint d'une imperceptible condescendance, qui n'échappa cependant pas à Beatrix. Toute la compassion et la tendresse qu'elle avait pu éprouver disparurent d'un coup quand elle comprit que Christopher Phelan n'avait pas changé sur un point : il ne l'appréciait toujours pas.
— Je ne voudrais pour rien au monde être une personne conventionnelle, répliqua-t-elle. Elles sont en général ennuyeuses et superficielles. Apparemment, il prit cela comme une critique envers Prudence.
— Comparées à celles qui apportent un animal nuisible pour les jardins dans les pique-niques ? Personne ne pourrait vous accuser d'être ennuyeuse, mademoiselle Hathaway. Beatrix sentit le sang se retirer de son visage. Cette attaque directe lui coupa presque le souffle.
— Vous pouvez m'insulter, parvint-elle. Dieu sait comment, à riposter, mais laissez mon hérisson tranquille ! Sur ce, elle fit volte-face et s'éloigna au pas de charge. Albert gémit, puis fit mine de la suivre, obligeant Christopher à le rappeler au pied. Beatrix ne s'autorisa pas un regard en arrière. C'était déjà terrible d'aimer un homme qui ne vous aimait pas en retour, mais c'était bien pire d'aimer un homme à qui vous déplaisiez souverainement. La pensée ridicule lui vint qu'elle aurait aimé décrire à son Christopher l'étranger qu'elle venait de rencontrer. Il s'est montré si méprisant, lui aurait-elle écrit. Il m'a rejetée comme quelqu'un qui ne mériterait pas une once de respect. De toute évidence, il me considère comme une sauvageonne, plutôt folle. Le pire, c'est qu'il a probablement raison ».

3#-L’intelligence et le sens de la répartie de Beatrix : Alors que l’on aurait pu penser que de vivre plus souvent auprès des animaux allaient la rendre « asociale », finalement, on se rend compte que la jeune femme est plutôt à l’aise en société. De par son éducation moderne et éclairée (avec la famille qu’elle a, c’est normal), elle est au courant de l’actualité politique et militaire de son pays contrairement aux autres jeunes femmes de son âge, notamment Prudence la bécasse, Prudence la pétasse….

« —  Comment se fait-il que tu sois si bien informée ?
—  Il y a des comptes rendus quotidiens dans le Times. Tu ne lis pas les journaux ?
—  Pas les pages politiques. Mes parents trouvent inconvenant qu'une jeune femme s'intéresse à de telles choses.
—  Dans ma famille, il y a des discussions politiques tous les soirs à table, et mes sœurs et moi y prenons part. Beatrix observa un silence délibéré avant d'ajouter avec un sourire espiègle :
— Nous avons même des opinions. Prudence ouvrit de grands yeux.
— Bonté divine ! En fait, je ne devrais pas être surprise. Tout le monde sait que votre famille est... différente. « Différente » était un adjectif bien plus aimable que la plupart de ceux utilisés pour décrire la famille Hathaway, qui comptait cinq membres. Léo était l'aîné, venaient ensuite Amelia, Winnifred, Poppy et Beatrix. Après la mort de leurs parents, la vie des Hathaway avait pris un tour radicalement nouveau. Une succession d'événements inattendus avait permis à Léo d'hériter d'un titre de vicomte, destin auquel ni lui ni ses sœurs n'avaient été préparés. Ils avaient dû quitter leur petit village de Primrose Place pour prendre possession du domaine Ramsay, dans le Hampshire. En six ans, ils avaient appris les règles élémentaires pour s'adapter en société. Toutefois, aucun d'entre eux n'avait acquis la manière de penser de l'aristocratie ni adopté ses valeurs ou ses préjugés. Tandis que n'importe quelle autre famille, dans des circonstances similaires, aurait entrepris de s'élever par des unions avantageuses, les Hathaway avaient choisi de se marier par amour ».

« —  Elle s'appelle Lucky. Elle ronronnera si vous la caressez. Le vieux monsieur regarda l'animal, le visage inexpressif. Puis, à la stupéfaction de Christopher, il se mit à le caresser.
—  Il lui manque une patte, fit-il remarquer à Beatrix.
—  Oui. Je l'aurais bien appelée Nelson, comme l'amiral manchot, mais c'est une femelle. Elle appartenait au crémier jusqu'à ce qu'elle se prenne la patte dans un piège.
—  Pourquoi l'avez-vous appelée Lucky ?
—  J'espérais que cela lui porterait chance.
—  Et cela a marché ?
—  Eh bien, elle est assise sur les genoux d'un comte, non ? répliqua Beatrix, arrachant un éclat de rire au comte en question.
—  Elle a eu de la chance d'être capable de s'adapter, commenta-t-il.
—  Si vous l'aviez vue après son amputation. La pauvre essayait toujours de marcher sur sa patte absente. Et puis un jour, elle a semblé accepter le fait que sa patte était partie pour de bon. Et elle est devenue presque aussi agile qu'avant. Le truc, ajouta-t-elle, c'était d'oublier ce qu'elle avait perdu... et d'apprendre à continuer avec ce qui lui restait. Annandale la dévisagea, fasciné.
— Quelle jeune femme intelligente vous êtes. Quand Beatrix et Annandale se lancèrent dans une discussion passionnée, Christopher et Audrey échangèrent un regard perplexe.
—  Les hommes ont toujours adoré Beatrix, fit Audrey à mi-voix, les yeux pétillants. Tu croyais que ton grand-père lui résisterait ?
—  Oui. Il n'aime personne.
—  Apparemment, il fait une exception pour les jeunes femmes qui flattent sa vanité et paraissent boire ses paroles.
—  Je ne comprendrai jamais pourquoi elle ne s'est pas mariée plus tôt. »

4#-Les horreurs de la guerre : Dans ce 5ème tome, l’auteure nous montre les traumatismes subis par les soldats au XIXème siècle où une simple petite blessure pouvait se transformer en infection généralisée et conduire à la mort. Les manières de mourir étaient multiples (il suffit par exemple de regarder des photos de gueules cassées des soldats de la Première guerre mondiale pour se rendre compte de l’horreur des champs de bataille)…Mais dans ce livre, il est aussi question du syndrome post-traumatique que subissent certains soldats lorsqu’ils reviennent à la « vie civile »…..Evidemment, au XIXème siècle les maladies psychiques n’étaient pas soignées, elles n’avaient pour la plupart même pas de nom scientifique. Mais comme Lisa Kleypas, (contrairement à Jane Austen, par exemple), est une femme de notre époque actuelle et sait, comme nous tous, combien un choc psychologique peut devenir destructeur s’il n’est pas soigné, il est donc très judicieux de sa part d’avoir inclut cet élément dans son récit, déjà, pour étoffer la personnalité de notre héros Christopher, mais aussi pour permettre à la douce et très intelligente Beatrix de faire ce qu’elle sait faire le mieux : Apprivoiser une bête sauvage…..Et croyez-moi, quand le Capitaine Phelas revient de la guerre, de l’enfer qu’il a vécu là-bas, des souvenirs de ses amis qui sont morts autour de lui, des regrets qui le rongent pour ne pas avoir pu en sauver certains, on peut dire que Beatrix va avoir du pain sur la planche pour tenter de lui réapprendre à aimer la vie…..

5#-Beatrix et son amour des animaux : En plus de sa beauté, il y a sa gentillesse, son empathie et son instinct presque « animal » qui lui permet de comprendre toutes les créatures vivantes qui passent à sa portée, que ce soit des mulets un peu tordus, des chiens grognons, des hérissons obèses, des chattes à trois pattes ou un jeune homme beau et fier qui la regarde comme si elle, et sa famille, venaient d’une autre planète…..Aimant moi-même énormément les animaux (tiens, encore ce week-end, dans mon terrain à la campagne, j’ai eu la chance de tenir dans mes mains une petite couleuvre à collier ! Cela a illuminé ma journée car je me rends bien compte que j’ai une chance inouïe d’avoir un terrain de 8 hectares, avec une rivière « à moi » et tous les merveilleux animaux qui peuplent la nature normande, dont cette ravissante petite couleuvre !). Alors oui, je comprends Beatrix, je suis même en parfaite connexion avec elle puisque moi aussi, j’ai des hérissons « apprivoisés » dans mon jardin (de ma maison, pas de mon terrain à la campagne). C’est une héroine qui me touche au cœur et vu la famille dans laquelle elle grandit, bien entendu qu’elle ne peut être que la petite dernière chouchoutée (mais attention, pas pourrie gâtée !) juste aimée et estimée comme une personne à la grande valeur morale et humaine (je me fie totalement aux personnes qui aiment les animaux…A contrario, je me méfie des gens qui disent ne pas aimer les animaux et qui, par exemple, ne ressentent aucune compassion pour ce qui se passe dans les abattoirs…). Pour revenir à Beatrix, ce qui m'a aussi interloquée (et fait rire), c'est que dans son innocence de jeune femme vierge, mais sa connaissance du monde des animaux, elle va présenter son dos (et ses fesses) à Christopher quand celui-ci va commencer à être très entreprenant.....Ce passage se fait à un moment assez intense puisque nous sommes en pleine dispute et le jeune homme commence à être incontrôlable.....Mais du coup, il est tellement surpris par la réaction de la jeune femme que finalement, cela le calme et jouera totalement en la faveur de Beatrix, qui marque un point supplémentaire auprès du beau soldat....

Ma petite couleuvre - prise en photo sur notre terrain le 11 mars 2017

6#-L’attirance / répulsion entre Beatrix et Christopher : Au niveau du jeu du chat et de la souris, nous sommes servis dans ce tome ! Mon Dieu, parfois, j’avais vraiment envie de donner des baffes au Capitaine Phelas qui – avant de partir à la guerre – n’était qu’un jeune aristocrate imbu de lui-même et sûr de son charme auprès des femmes….La guerre va le rendre plus humble, nettement plus humble, et va lui apprendre les dures réalités de la vie. Elle va lui apprendre également la camaraderie et la solidarité entre compagnons d’armes et puis, il y a ces lettres écrites par une jeune femme sensible qui lui apportent de l’espoir et lui montrent les petits plaisirs de la vie qui existent malgré tout comme regarder l’immensité d’un ciel étoilé….Mais une fois que ces deux-là vont se retrouver face à face, cela va faire des étincelles car Christopher va redevenir hautain et condescendant (puisqu’il ignore que c’est Beatrix qui a écrit les lettres)….Malgré tout, Beatrix ne se laisse pas faire, notamment vis-à-vis du sort réservé au chien Albert, qui lui aussi au subit le traumatisme de la guerre, auprès de Christopher. Ce fut vraiment énervant de voir le Capitaine refuser les bons conseils de la jeune femme quant au dressage du chien….Purée, tout cela parce qu’il est un homme, il doit mieux savoir qu’elle ! Aaargh ! Ces passages-là m’ont vraiment énervée ! Heureusement que Beatrix ne se laisse pas faire et arrive, par son intelligence à prouver au si borné et snob Christopher Phelan que c’est ELLE la spécialiste des animaux et qu’elle a TOUJOURS raison sur les sujets qui les concernent ! Non mais !!!! Quoi qu’il en soit, tous ces affrontements verbaux -  et donc intellectuels -  entre les deux jeunes gens vont faire monter petit à petit la passion, bien entendu !....Et ce fut un vrai délice à lire !!!!!

« À défaut du titre, John, le frère aîné de Christopher, hériterait du domaine de Riverton, dans le Warwickshire, à la mort du comte. John était un homme pondéré et réfléchi, entièrement dévoué à son épouse, Audrey. Christopher ne lui ressemblait pas du tout. Comme beaucoup de deuxième fils, il avait acheté une charge d'officier dans l'armée à l'âge de vingt-deux ans. Il était entré comme porte-étendard, ce qui convenait à merveille à un garçon aussi fringant, puisque sa principale attribution était de porter le drapeau de la cavalerie pendant les parades et les manœuvres. Il était très apprécié des dames de la capitale, où il se rendait souvent sans permission, et passait son temps à danser, à boire, à jouer et à entretenir des liaisons scandaleuses. Beatrix avait rencontré Christopher Phelan deux fois. La première, à un bal dans le voisinage, où elle avait jugé qu'il était l'homme le plus arrogant du Hampshire ; la seconde, à un pique-nique, où elle avait révisé son jugement : c'était l'homme le plus arrogant du monde entier.
—  Cette fille Hathaway est un peu particulière, l'avait-elle entendu dire à un compagnon.
—  Je la trouve charmante et originale, avait protesté ce dernier. Et elle est plus calée en chevaux qu'aucune femme de ma connaissance.
—  C'est sûr, avait répliqué Phelan, ironique. Elle a plus sa place dans l'écurie qu'au salon. À partir de ce moment-là, Beatrix s'était efforcée de l'éviter. Non pas que la comparaison implicite avec un cheval l'ait ennuyée. Après tout, les chevaux étaient des animaux adorables, dotés d'un esprit noble et généreux. Et elle savait que, sans être une grande beauté, elle n'était pas dénuée de charme. Plus d'un homme avait loué sa chevelure sombre et ses yeux bleus ».

« —Christopher s'interrompit brutalement.
—  Peu importe. Je m'éloigne du sujet.
—  Qui est ? s'enquit Audrey d'une voix douce.
—  Que je me moque de savoir si Mlle Hathaway est belle ou pas. Elle est particulière, de même que sa famille, et aucun d'eux ne m'intéresse. De la même manière, je me contrefiche que Prudence Mercier soit belle - je ne m'intéresse qu'à son esprit. Lequel est charmant, original et absolument irrésistible.
—  Je vois. L'esprit de Beatrix est particulier, et celui de Prudence est original et irrésistible.
—  Exactement. Audrey secoua lentement la tête.
—  Il y a quelque chose que j'aimerais te dire. Mais plus le temps passera, plus cela deviendra évident. Et tu ne le croirais pas si je te le disais ; ou, du moins, tu ne voudrais pas le croire. C'est l'une de ces choses que l'on doit découvrir par soi-même.
— Que diable racontes-tu, Audrey ? Croisant ses bras minces, sa belle-sœur l'observa avec sévérité. Alors même qu'un étrange petit sourire lui retroussait le coin des lèvres.
—  Si tu es un tant soit peu un gentleman, finit-elle par déclarer, tu te rendras demain chez Beatrix et tu lui présenteras tes excuses. Vas-y quand tu promèneras Albert - à défaut d'être heureuse de te voir, elle sera contente de le voir, lui ».

« Christopher s'interrompit et la dévisagea.
— Je me suis souvent demandé... quelqu'un vous a-t-il aidée à les écrire ? Prudence avait beau avoir le visage d'un ange, son regard était dépourvu de toute sérénité céleste.
— Mais enfin, pourquoi m'interroger sans cesse sur ces stupides lettres ? Ce ne sont que des mots. Les mots ne signifient rien ! Vous m'avez fait prendre conscience que les mots sont la chose la plus importante au monde...
—  Rien ? répéta Christopher.
—  Non. Je suis ici, Christopher, continua-t-elle d'un ton légèrement radouci. Je suis réelle. Vous n'avez plus besoin de ces vieilles lettres, à présent. Vous m'avez moi.
—  Et ce que vous m'avez écrit au sujet de la quintessence ? Cela ne signifiait rien ?
—  De la... Prudence le regarda fixement, puis rougit.
—  Je ne me souviens pas de ce que je voulais dire exactement.
—  Le cinquième élément, selon Aristote, précisa-t-il d'une voix douce. Cette fois, elle pâlit. Son expression était celle d'une enfant surprise en train de faire une bêtise.
—  Mais quel rapport cela a-t-il avec quoi que ce soit ? s'écria-t-elle en trouvant refuge dans la colère. Qui s'intéresse à Aristote ? ... j'aime vraiment l'idée qu'il y a un petit peu de lumière astrale en chacun de nous... Elle n'avait jamais écrit ces mots. Durant quelques instants, Christopher fut privé de réaction. Une pensée succédait à une autre, et chacune éclairait brièvement la précédente. Une femme totalement différente lui avait écrit... avec le consentement de Prudence... On s'était joué de lui... Audrey devait être au courant... Il avait été amené à s'éprendre, puis la correspondance avait cessé ».

7#-Le passage où Christopher découvre que c’est Beatrix qui lui a écrit les lettres : Attention les yeux !!! Nous assistons ici à un pur moment de romantisme ! Un passage comme je les aime ! Mon cœur a battu la chamade en lisant ces quelques lignes ! C’est pour des moments de lecture comme cela que je suis fan des romances ! Bravo à l’auteure !!!


« Christopher s'approcha d'elle lentement, comme s'il craignait qu'elle ne se sauve de nouveau. Il lui empoigna les bras.
— Dites-moi pourquoi vous avez fait cela, articula-t-il d'une voix vibrante de... De haine ? De fureur ?
— Non, inutile de pleurer ! Était-ce un jeu ? Était-ce seulement pour aider Prudence ? Beatrix détourna le regard avec un sanglot de désespoir.
—  Non, ce n'était pas un jeu... Prudence m'a montré votre lettre et m'a dit qu'elle n'avait pas l'intention d'y répondre. Mais il fallait que moi, j'y réponde. J'avais l'impression qu'elle avait été écrite pour moi. Je pensais ne le faire qu'une seule fois. Mais vous avez de nouveau écrit, et je me suis retrouvée à vous répondre encore une fois... Puis une autre...
—  Qu'y avait-il de vrai dans cette correspondance ?
—  Tout ! À part la signature de Prudence. Le reste était sincère. Vous pouvez douter de tout ce que vous voulez, mais pas de cela. Christopher resta silencieux un long moment. Sa respiration se fit plus laborieuse.
— Pourquoi avez-vous cessé ? finit-il par demander. Poser cette question lui était très difficile, elle le sentait. Mais, que Dieu lui vienne en aide, il était infiniment plus difficile d'avoir à y répondre.
— Parce que c'était trop douloureux. Les mots signifiaient trop de choses. Malgré ses larmes, elle s'obligea à poursuivre :
— Je suis tombée amoureuse de vous, et je savais que c'était sans espoir. Je ne pouvais pas prétendre être Prudence plus longtemps. Je vous aimais tellement et je ne pouvais pas... Elle fut brutalement interrompue. Abasourdie, elle se rendit compte qu'il l'embrassait. Qu'est-ce que cela signifiait ? Que voulait-il ? Que... Mais son esprit cessa de fonctionner et elle ne tenta plus de comprendre quoi que ce soit. Il avait refermé les bras autour d'elle. Ébranlée jusqu'au tréfonds, elle moula son corps contre le sien tandis qu'il l'embrassait avec avidité. Ce devait être un rêve... Pourtant, ses sens lui assuraient que l'odeur, la chaleur, la force qui l'enveloppaient étaient bien réelles. Quand Christopher la pressa encore plus étroitement contre lui, elle perdit le souffle. Mais elle s'en moquait. Le plaisir du baiser irradiait en elle, l'étourdissait, et elle protesta avec un gémissement quand il releva la tête. Christopher l'obligea à le regarder.
—  « Aimais » ? répéta-t-il d'une voix rauque. Au passé ?
—  Au présent, réussit-elle à balbutier.
—  Vous disiez que je devais vous trouver.
—  Je n'avais pas l'intention de vous envoyer ce billet.
—  Il n'empêche que vous l'avez fait. Vous me vouliez.
—  Oui. De nouvelles larmes montèrent aux yeux de Beatrix. Il se pencha pour les cueillir d'un baiser. Puis il plongea dans le sien son regard d'un gris non plus glacial, mais d'une douceur veloutée.
— Je t'aime, Beatrix.
Finalement, peut-être était-elle capable de s'évanouir. En tout cas, cela y ressemblait, car ses jambes cédèrent sous elle. Il l'étendit sur le tapis élimé. Après avoir glissé le bras sous sa nuque, il s'empara de nouveau de sa bouche. Beatrix répondit à son baiser avec fièvre. Leurs jambes se mêlèrent et il insinua une cuisse entre les siennes ».

8#-La vie continue chez les autres Hathaway : Et oui, comme nous suivons les aventures de Beatrix, la petite dernière de la fratrie, nous oublions que quelques années ont maintenant passé depuis la rencontre entre Amelia et Cam, dans le 1er tome ! Et ils sont désormais parents de Rye, un espiègle petit garçon de 4 ans et demi, qui adore sa tatie Beatrix et va aussi jouer un rôle important – avec le chien Albert – dans l'évolution de la relation entre Beatrix et Christopher….C’est vraiment plaisant d’avoir des nouvelles des autres membres de la famille Hathaway….Surtout quand nous connaissons le passé parfois traumatisant de certains personnages, on est heureux de voir qu’ils vivent enfin dans le bonheur ! Cela m’a fait chaud au cœur !

« Rye l'observa d'un air songeur.
—  Tatie ?
—  Oui?
—  Est-ce que tu vas te marier un jour ?
—  Je l'espère. Mais il faut d'abord que je trouve le monsieur idéal.
—  Si personne veut se marier avec toi, moi je veux bien quand je serai grand. Mais seulement si je te dépasse, parce que j'ai pas envie de lever la tête pour te regarder. 
—  Je te remercie, dit-elle avec gravité en réprimant un sourire ».

« —  Oh, corne de bouc ! s'exclama l'enfant avec un à-propos involontaire. J'arrive trop tard. Il soupira, puis examina Christopher.
—  T'es qui ?
—  Le capitaine Phelan. Une lueur d'intérêt s'alluma dans le regard du garçon.
—  Il est où, ton uniforme ?
—  Je ne le porte plus maintenant que la guerre est finie.
—  Tu es venu voir mon père ?
—  Non, je... je rendais visite à Mlle Hathaway.
—  Tu es un de ses soupirants ? Comme Christopher secouait vigoureusement la tête, l'enfant ajouta d'un air docte :
— Ça se pourrait et que, en fait, tu le sais pas encore. Christopher ne put s'empêcher de sourire - son premier vrai sourire depuis très longtemps.
—  Mlle Hathaway a beaucoup de soupirants ?
—  Oh, oui ! Mais il y en a aucun qui veut se marier avec elle.
—  Pour quelle raison, à ton avis ?
— Ils veulent pas qu'on leur tire dessus, répondit le garçonnet avec un haussement d'épaules.
—  Pardon ?
—  Avant que tu te maries, il faut que tu reçoives une flèche et que tu tombes amoureux, expliqua-t-il. Mais je pense pas qu'après, ça fait aussi mal qu'au début, ajouta-t-il après un silence songeur ».

Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
9#-La romance entre Audrey et Mark Bennett : Dans la mesure où le récit débute quand Audrey est encore mariée au frère de Christopher, John, et que celui-ci semble être quelqu’un de remarquable, j’ai vraiment été surprise que, premièrement, l’auteure décide de tuer ce personnage d’une maladie, somme toute, pas si dangereuse que cela (ils auraient dû prendre les remède aux plantes de Cam mais non, ils ont préféré utiliser la médecine « normale » de cette époque, avec des médecin arrogants qui étaient sûrs et certains que des saignées allaient guérir les malades et n’ont fait que les précipiter dans la tombe…). La jeune et sympathique Audrey se retrouve veuve au bout de quelques chapitres…..Et quelle surprise, du coup, à la fin du livre, de voir que l’ami de Christopher, Mark, revenu d’entre les morts de la guerre de Crimée, va finir par se mettre en couple avec elle ! Je suis contente que l'auteure ait permis à ces deux personnages de trouver l'amour malgré les tragédies qu'ils ont subies auparavant !

Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
Le personnage de Prudence : Mon Dieu, que cette fille est antipathique ! Je me demande même comment Beatrix peut être amie avec une peste pareille ! En même temps, notre héroïne a l’honnêteté d’admettre que Prudence est une amie, certes, mais si elle a des choses profondes à confier, ce sera auprès de son autre amie, Audrey Phelas, qu’elle le fera car force est de constater que Prudence est une sale petite commère et une fouteuse de merde (et d’ailleurs Beatrix va en faire les frais…). ! Prudence est populaire uniquement grâce à sa beauté physique, car sinon, elle n’a vraiment rien d’intéressant et on ne peut pas dire qu’elle brille pas son intelligence ! De nombreux hommes lui font la cour et certes, elle a trouvé Christopher Phelas à son goût quand il était en Angleterre, mais ensuite, le fait qu’il soit parti à la guerre (et risque de revenir blessé ou estropié) ne l’attire pas du tout….jusqu'au moment où le frère ainé de Christopher décède subitement et que du coup, Christopher hérite donc d’un titre de noblesse, là, ça change tout, peut-être que finalement, le Capitaine Phelas n’est pas si mal que ça….Bref, vous l’aurez compris, Prudence est égocentrique et superficielle. Et Christopher va finalement se rendre compte que ce n’est pas elle qui a écrit les si belles lettres qui lui ont permis de « survivre » sur le champ de bataille….

« Au grand regret de Beatrix, son amitié avec Prudence s'était refroidie du jour où elle lui avait annoncé qu'elle n'écrirait plus à Christopher.
—  Mais pourquoi ? avait protesté Prudence. Je croyais que tu prenais plaisir à correspondre avec lui. —  Plus maintenant, avait répliqué Beatrix d'une voix étouffée. Son amie lui avait jeté un regard incrédule.
—  J'ai du mal à croire que tu l'abandonnes ainsi. Que va-t-il penser quand les lettres cesseront d'arriver ? L'estomac noué, Beatrix avait réussi à articuler :
—  Je ne peux pas continuer à lui écrire sans révéler la vérité. Cela devient trop personnel. Je... Il est question de sentiments. Tu comprends ce que j'essaye de dire ?
—  Tout ce que je comprends, c'est que tu es égoïste. Tu t'es arrangée pour que je ne lui envoie pas de lettres parce qu'il remarquerait la différence d'écriture. La moindre des choses, ce serait de le garder au chaud pour moi jusqu'à son retour.
—  Pourquoi t'intéresses-tu à lui ? Beatrix n'aimait pas l'expression « garder au chaud », comme si Christopher n'était qu'un vulgaire plat. Un parmi de nombreux autres.
—  Tu ne manques pas de prétendants, avait-elle ajouté.
—  Certes, mais le capitaine Phelan est devenu un héros. Il se peut même qu'il soit invité à dîner avec la reine à son retour. Et, maintenant que son frère est mort, il va hériter du domaine de Riverton. Ce qui fait de lui un parti presque aussi avantageux qu'un aristocrate. Si Beatrix s'amusait autrefois de la futilité de Prudence, elle éprouva à cet instant plus qu'une pointe d'irritation. Christopher méritait mieux que d'être apprécié pour des raisons aussi superficielles.
—  As-tu songé qu'il ne sera plus le même après la guerre ?
—  Il peut encore être blessé, bien sûr, mais j'espère que ce ne sera pas le cas.
—  Je voulais dire, moralement.
—  Parce qu'il se bat ? Ça l'affecte sans doute, avait concédé Prudence avec un haussement d'épaules.
—  As-tu suivi les comptes rendus le concernant ?
—  J'ai été très occupée, s'était défendue son amie ».

« —  Le capitaine Phelan a écrit que, quand vous vous êtes rencontrés, aucun de vous n'a regardé sous la surface.
—  La surface de quoi ? Beatrix en avait conclu avec tristesse que, pour Prudence, la seule chose située sous la surface était encore la surface.
— Il a dit aussi qu'il se pourrait que tu sois sa seule chance d'appartenir de nouveau au monde. Prudence l'avait dévisagée avec une expression étrange.
—  Après tout, il est peut-être préférable que tu cesses de lui écrire. Il t'a beaucoup marquée, apparemment. J'espère que tu ne t'es pas mis dans l'idée que Christopher pourrait... Enfin, peu importe.
—  Je sais ce que tu t'apprêtais à dire, avait répliqué Beatrix avec calme. Je ne me fais bien sûr aucune illusion. Je n'ai pas oublié qu'il m'a autrefois comparée à un cheval.
—  Il ne t'a pas comparée à un cheval. Il a simplement dit que ta place était à l'écurie. Quoi qu'il en soit, c'est un homme sophistiqué, et il ne serait jamais heureux avec une fille qui passe son temps avec des animaux.
— Je préfère de beaucoup la compagnie des animaux à celle de n'importe quelle personne de ma connaissance, avait riposté Beatrix. Elle avait aussitôt regretté son manque de tact, d'autant que Prudence avait visiblement pris ses paroles comme un affront personnel.
—  Je suis désolée. Je ne voulais pas dire...
—  Dans ce cas, il vaut peut-être mieux que tu partes et que tu retournes à tes bestioles, avait coupé Prudence d'un ton glacial. Tu auras plus de plaisir à t'entretenir avec quelqu'un qui ne peut pas te répondre ».

Pour conclure, la saga Les Hathaway se termine en beauté avec ce 5ème tome consacré à Beatrix, la petite dernière de la fratrie. Le héros masculin, le Capitaine Christopher Phelas, était totalement inconnu des tomes précédents ce qui apporte une certaine bouffée d’air frais au récit. Quant à Beatrix, nous l’avons connue adolescente pour enfin devenir une jeune femme pleine de bon sens et surtout avec un cœur grand comme ça ! Son amour des animaux n’a pas faiblit au cours des années mais bien évidemment, cela ne suffit pas pour une belle jeune femme comme elle qui a vu ses quatre frères et sœurs faire chacun leur tour un mariage d’amour ! Le fait que l’auteure ait choisi d’unir son personnage le plus compatissant et empathique à la souffrance des autres, notamment des animaux, avec un militaire qui va être poussé à faire des choses atroces sur le champ de bataille et qui devra vivre avec une fois de retour à la vie civile est assez pertinent puisque justement Beatrix est certainement la seule femme à la ronde capable d’apprivoiser une bête sauvage, ce qu’est un peu devenu notre beau et fier Christopher…Je peux vous dire que j’ai eu du mal à décrocher de ma lecture tellement j’étais happée par le récit. La personnalité de Christopher est tellement complexe et surtout, il ne faut pas oublier qu’il avait de forts à priori à l’encontre de Beatrix, avant de partir à la guerre et qu’ensuite, il n’avait d’yeux que pour Prudence au fur et à mesure de la correspondance entretenue durant des mois et dont il pensait qu’elle était l’auteure de ces pensées profondes et subtiles sur l’odeur des saisons et les constellations d’étoiles. Ce 5ème tome est un condensé de pur romantisme qui a ravie mon cœur de midinette mais aussi de sensualité vibrante et exaltée comme l’auteure sait si bien la mettre en scène avec de la passion qui monte crescendo pour notre plus grand plaisir ! Je pense que ce couple est mon préféré de la saga, c’est vous dire ! Je vous recommande totalement la saga Les Hathaway, qui est, je le rappelle, le spin-off de la saga culte La ronde des saisons (que je vous recommande aussi bien évidemment !).




Ma note : 18,50/20

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