mercredi 11 janvier 2017

LE NOIR EST MA COULEUR - Tome 1 : Le pari


Olivier Gay
Les Editions Rageot 2014
311 pages

Synopsis :
Normalement, Alexandre le bad boy du lycée n'aurait jamais prêté attention à Manon l'intello du premier rang. Pourtant, à la suite d'un pari, il a décidé de la séduire. Normalement, Manon n'aurait jamais toléré qu'Alexandre vole à son secours. Pourtant dans l'obscurité d'une ruelle, sa présence s'est révélée décisive. Alexandre doit se rendre à l'évidence. Rien n'est normal dans cette histoire. Manon acceptera-t-elle qu'il entre par effraction dans son univers ? Deux destins liés malgré les apparences...

Cela fait du bien de temps en temps de lire une petite histoire destinée aux ados. Vu les avis très positifs que j’ai pu lire à propos de cette saga, j’ai donc décidé de me lancer dans Le noir est ma couleur de l’auteur français Olivier Gay. Il en ressort que j’ai passé un très bon moment de lecture et je lirai la suite très bientôt, ça c’est certain !
Narré à deux voix, les chapitres passant régulièrement entre le point de vue de Manon et celui d’Alexandre, nous lecteurs, nous trouvons très rapidement pris dans l’engrenage de l’intrigue. Car si Manon n’est pas une humaine comme les autres, Alexandre, lui, est l’archétype des ados de 16 ans, avec le physique d’Apollon en bonus, ce qui fait que nous découvrons en même temps que lui tout ce monde étrange qui entoure la jeune fille car si celle-ci s’était fait très discrète jusqu’à maintenant, des événements vont survenir dans son entourage et la prendre, elle, pour cible car malheureusement pour elle, elle est une jeune mage vierge de 15 ans et les ennemis des mages, les mages noirs, recherchent activement ce genre de cibles….Pourquoi donc ? Et bien il faut lire le livre, m’ssieurs, dames ! Non mais oh ! Je ne vais pas tout révéler quand même !

« La porte s’entrouvrit avec un grincement. Le retardataire eut beau se faire le plus discret possible, Buisson avait un radar derrière la tête.
– Monsieur… Dufour, je crois ? demanda-t-il, glacial. Grand, mince et large d’épaules, le nouveau venu ne semblait pas à sa place dans une classe de seconde. Il devait mesurer près d’un mètre quatre-vingts pour quatre-vingts kilos de muscles. Je le connaissais de réputation, même si je ne lui avais jamais adressé la parole. Alexandre Dufour. Il était assis au fond de la classe avec ses amis redoublants et passait son temps à chahuter ou discuter. Ce n’était pas non plus la première fois qu’il arrivait en retard.
– Qu’est-ce qu’il est beau, souffla Éloïse dans mon oreille ».

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Les mages existent et vivent à Paris : Et oui, mine de rien, ça fait plaisir de lire une histoire qui se passe en France, avec des ados « ordinaires » qui vont dans un lycée tout ce qu’il y a de plus normal….Enfin, jusqu’à ce qu’Alexandre, notre héros, découvre les pouvoirs de Manon et tout ce que sa famille et elle dissimulent…En effet, nous apprenons qu’il existe des mages en France (et dans le monde, bien sûr), des gens qui ont des pouvoir magiques, liés aux couleurs. Les parents de Manon sont de puissants mages….Et les ennemis de ces mages sont les mages noirs….L’auteur a réussi à m’intriguer avec l’existence de ces « sorciers » qui manipulent les éléments grâce aux couleurs. Et malgré tout, ils vivent dans l’anonymat parmi les humains ordinaires et occupent des professions banales pour passer incognito (la mère de Manon est bibliothécaire pour donner le change …) car la règle est stricte et impitoyable : Personne ne doit connaître leur existence. Les témoins de leurs pouvoirs ont systématiquement la mémoire effacée et parfois, il y a des dommages collatéraux humains lors de leurs combats contre les mages noirs, mais tant pis ! (oui, ils sont impitoyables à l’encontre des humains en ce qui concerne le maintien de leur vie secrète !)….Enfin ça, c’était jusqu’à l’irruption d’Alexandre dans la vie de Manon….

« Les Mages Noirs avaient été vaincus et s’étaient enfuis dans les ténèbres. Depuis, ils ne se montraient plus directement, mais agissaient par le biais d’intermédiaires dangereux. Grâce à leurs pouvoirs, ils invoquaient des créatures étranges, imprégnées du tissu de la nuit. Les Ombres... Je frissonnai ».

« Une Ombre a été aperçue dans le 14e arrondissement, répéta notre père. Nous avons eu trois témoignages hier et deux cet après-midi. Nous ne pouvons plus les ignorer. Je secouai la tête désespérément, comme si le fait de nier leur existence leur donnerait moins de pouvoirs. Une Ombre ne se promenait pas dans le coin, c’était impossible. On les trouvait au fin fond des campagnes, là où les Mages se montraient peu. Mais ici, dans la capitale ? Qu’espérait-elle ? Elle serait capturée et détruite en un clin d’œil. En attendant...
– Qu’est-ce qu’on doit faire ? soufflai-je.
– Pour commencer, ne pas vous promener dans les rues à la tombée de la nuit et rester groupés autant que possible. Ce qui signifie, expliqua papa en se tournant vers Jade, qu’on va freiner les sorties avec les amies. J’espère que je suis clair. Ma sœur avait déjà retrouvé son aplomb et sa mine boudeuse. – Mais c’est pas juste !
– Depuis quand est-ce qu’une famille est juste ? ironisa papa. Ta mère et moi sommes d’accord sur le sujet : vous rentrez directement après les cours, vous ne traînez pas dans les rues et vous surveillez vos arrières ».

« Il y avait bien sept couleurs dans le Spectre. Mais une huitième demeurait interdite, frappée du sceau de l’infamie, au point que ses rituels avaient sombré dans l’oubli : la magie noire. Je ne connaissais pas grand-chose sur le Noir. Tout juste savais-je que de terribles conflits avaient agité le monde à la fin de l’Empire romain, causés par des affrontements fratricides entre Mages de différentes Couleurs. La violence des dévastations avait condamné le continent à un âge sombre qui avait duré des centaines d’années, jusqu’à la Renaissance et son renouveau ».

2#-Des ados bien de leur temps : Pardonnez-moi, mais j’étais ado dans les années 90 alors forcément, même si tous les ados, de tout temps se ressemblent un peu, il y a tout de même une chose qui change avec ceux des années 2010, c’est l’utilisation des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, notamment le smartphone. Vu que je ne fréquente pas les lycées et que mes enfants sont encore en primaire (le plus vieux est au CE1), je suis un peu surprise de lire que ces jeunes utilisent leurs portables en classe pour s’envoyer des sms etc….Cela peut paraître banal et entré dans les mœurs (et du coup, je passe pour une grosse réac ronchon) mais il n’empêche que ça me choque ! Et l’auteur est un coquin, (il est de ma génération donc je le comprends) et j’ai beaucoup apprécié le passage qu’il a écrit où les portables de nos jeunes héros sont HS et du coup, aaaargh ! « Comment qu’on fait-y pour appeler nos parents ? bwaaah ! Pask’on ne connaît pas leur numéro par cœur et on n’a pas de petit carnet répertoire où on aurait noté les numéros !!! »…..Aaaargh ! Bien fait !!!!! C’est une bonne leçon à retenir ! Personnellement, j’ai mon petit carnet toujours dans mon sac et plusieurs cartes routières dans la voiture (clin d’œil à ceux qui ne vivent que par le GPS…). Ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier et baser toute sa vie dans un petit téléphone fragile c’est pas bon…Pas bon du tout ! Après, pour revenir à l’histoire, heureusement que notre héroïne, Manon, a de la suite dans les idées et elle va quand même réussir à faire passer son message d’urgence à sa mère, ouf !



« Là encore, aucune explication logique. J’ai vu beaucoup de films comme le Seigneur des anneaux ou X-Men, ce genre de trucs – bon, sans parler des animes comme One Piece ou Naruto. Manon possède-t-elle des pouvoirs extraordinaires ? Mon cerveau fatigué ne trouve pas d’autre solution ».

« La première personne que je vis en rentrant, ce fut Jade. Difficile de la rater : ma sœur était vautrée sur le canapé du salon, les doigts de pied à l’air, en train de se mettre du vernis. Je ne l’avais jamais vue aussi concentrée, même lors des rituels magiques les plus complexes.
– C’est du Kiko, la nouvelle gamme, expliqua Jade sans lever les yeux. Il fallait que j’essaie tout de suite.
– Je n’en doute pas, ironisai-je en montant dans ma chambre. Est-ce qu’elle avait été adoptée à la naissance ? Ou moi ? Nous n’avions décidément rien en commun. Jade pratiquait le mille-feuilles soir et matin quand je rechignais à utiliser le moindre maquillage. Jade s’enthousiasmait pour Glamour lorsque je me retrouvais dans les écrits de Simone de Beauvoir. Jade adorait les garçons, alors que je ne supportais pas leur conversation insipide ».

3#-Le duo Alexandre & Manon : Ces deux jeunes gens sont dans la même classe mais ils ne s’étaient jamais adressé la parole jusqu’à un concours de circonstance qui va faire qu’Alexandre va parier avec ses copains qu’il va arriver à « débrider » la jeune fille. Si Manon fait tout pour passer inaperçue et est une très bonne élève, ce n’est pas le cas d’Alexandre qui est connu comme le loup blanc dans le lycée, autant auprès des filles (puisqu’il est beau et musclé) que les garçons (c’est un bagarreur qui fait de la boxe après les cours) ainsi qu’auprès des profs (il est insolent et ne fait que le strict nécessaire au niveau des cours…). A partir du moment où nos deux héros vont être pris dans l’engrenage, ils vont commencer à s’intéresser à l’un et l’autre. En même temps, tout le monde ne voit pas forcément d’un bon œil leur « amitié » naissante….J’ai particulièrement bien aimé cette dynamique entre nos deux héros notamment quand Alexandre découvre tout la « vie secrète » de Manon. Lui qui est un grand fanfaron, avec son cure-dents constamment à la bouche, qui se donne des poses et des attitudes, va vite ravaler sa fierté devant les capacités magiques monstrueuses de la jeune fille (et de ses ennemis). Cela dit, en tant que grande gueule qui se respecte, Alexandre continue toujours à lancer ses petites phrases arrogantes et nonchalantes dont il a le secret, même aux moments les plus critiques….Et ça pour notre plus grand plaisir !

« –Hé ! Attends ! Manon se retourne. Pour la première fois, je la dévisage réellement. C’est une fille assez banale, le nez un peu busqué, la bouche un peu grande, avec de longs cheveux qui pourraient être un atout si elle les détachait. Seuls ses yeux sont intéressants, d’un vert perçant, alors qu’elle me regarde sans ciller. J’ai toujours aimé les yeux verts.
– Oui ? demande-t-elle poliment. Aussi froide qu’une lame. D’habitude, les filles ont deux types de réaction face à moi. Soit elles battent des cils et minaudent comme des idiotes, soit elles connaissent ma réputation et me fuient comme la peste. Celle-là soutient mon regard sans inquiétude ni désir. Je lui offre mon sourire le plus irrésistible. Je me suis entraîné devant la glace et j’ai appris comment dévoiler uniquement mes canines avec un petit côté canaille. J’appelle ça mon sourire Twilight, le rictus du vampire ».

« –OK. Donc j’en reviens à mon histoire. Le Spectre est composé de sept couleurs. Rouge, Orange, Jaune, Vert, Bleu, Indigo, Violet. J’avais appris cette liste depuis des années, elle était comme une seconde nature pour moi.
– Sept ? Pas mal. Mais, euh, c’est quoi l’indigo ?
– Un bleu foncé, si tu veux. Il soupira.
– Et tu peux pas appeler ça « bleu foncé » ? J’ai jamais compris cette volonté des filles à toujours trouver dix mille noms pour des trucs simples. Genre crème ou saumon, ça serait pas plus facile de dire beige clair ou rose pâle ?
– En quoi est-ce que c’est plus simple de..., m’emportai-je avant de m’arrêter en pleine phrase. Non, laisse tomber, ce n’est pas le sujet. Tu sais que tu es exaspérant, comme garçon ?
– Tu es plutôt insupportable, comme fille, aussi. Il souriait. Il souriait, comme s’il se moquait de moi ! Mais je ne pus m’empêcher de lui rendre son sourire ».

4#-L’humour d’Alexandre : Dès les premières lignes le concernant, où nous suivons son point de vue, nous comprenons très rapidement que nous avons à faire avec un sacré zozo ! Alexandre est beau et il le sait. Il est fort et il le sait. C’est un jeune homme qui collectionne les filles et les bagarres. Mais attention, tout n’est pas idéal dans sa vie car nous apprenons qu’il a des parents plutôt « compliqués ». Son père, un ancien champion de boxe devenu vigile dans un magasin lui tape régulièrement dessus, pour lui apprendre « la vie » et sa mère laisse faire….Malgré tout cela, Alexandre a toujours la petite réplique pour se moquer des autres, notamment de ses adversaires. Le fait d’avoir été « snobé » par Manon va déclencher leur « rapprochement » puisqu’à partir de ce moment-là et du pari qu’il va faire avec ses copains (d’où le titre de ce tome 1), Manon va entrer dans sa vie et ne plus en sortir. Ils vont partager énormément de choses ensemble. Notamment dramatiques puisque tous les deux vont risquer leur vie plusieurs fois face à des ennemis non humains….Malgré tout, Alexandre continue à nous faire rire ! C’est vraiment un héros couillu et pêchu qui ne peut que plaire aux ados qui liront cette saga !




« Ce n’est pas que je n’aime pas ma mère, mais elle a une fâcheuse tendance à m’étouffer avec ses questions, ses angoisses – et surtout ses espoirs. Elle croit que je vais devenir notaire, ou avocat, ou médecin. Il faudra que quelqu’un lui explique que mes redoublements en sixième et quatrième ne sont pas bon signe. Et vu mon début d’année, je vais aussi redoubler ma seconde. J’ai un vrai problème avec les classes paires ».

« Je me penche vers la glace et me recoiffe d’une main rapide. À en croire les filles du lycée, je suis plutôt beau gosse, avec mes cheveux en bataille, mes yeux bleus, ma mâchoire carrée et les muscles qui tendent le tissu de mon tee-shirt. Je ressemble à un héros des temps modernes, le genre de gars qui sauve les losers en détresse. Bon, j’ai toujours le menton glabre, mais ça viendra avec le temps. Un jour, je pourrai me faire pousser une barbe de trois jours à la Brad Pitt ».

«–Tu sais, de nos jours, les profs, ils ont tous les droits, fait Azur avec philosophie.
–C’est pas ce que dit mon père, observe Fred. Lui, il dit que l’autorité professorale diminue de jour en jour, ou un truc du genre. Qu’à son époque, je me serais pris une mandale dans la gueule et que ça m’aurait appris la vie.
–On voit que ton père n’a jamais croisé Buisson... Ils méditent un instant sur une époque où les châtiments corporels étaient autorisés. Je suis bien placé pour savoir que ça ne marche pas. La dernière fois que mon père s’est énervé, il m’a déchaussé une dent. Ça ne m’a pas aidé à filer doux ».

« À une époque, j’idolâtrais mon père, mais son amertume ne cesse de grandir. Ma mère m’a expliqué qu’il avait d’abord accepté la perte de son œil avec philosophie. Il savait les dangers auxquels il s’exposait en montant sur un ring. Puis il a passé de plus en plus de temps à regarder les vieilles photos des années 80 et les affiches jaunies qui annonçaient les combats de Mitch La Rage. Désormais, il n’est plus que Michel Dufour, le vigile de supermarché ».

5#-Le gros suspens de la fin : Oh oh oh ! L’auteur Olivier Gay nous offre un magnifique cliffhanger de folie à la fin de ce tome 1 qui donne bien évidemment très envie de lire la suite ! Chose que je me promets de faire, malgré ma PAL qui déborde, mais bon, je dois bien avouer que la talent de conteur de l’auteur a fait mouche avec moi et vu que Le pari a été une lecture rapide et assez addictive, il va vraiment falloir que je sache rapidement ce qui va arriver à notre chère petite Manon et son ami Alexandre dans le prochain tome !

Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
6#-Qui sont les vrais méchants ? En effet, Manon, qui a grandi avec l’idée que les mages noirs étaient néfastes et qu’il fallait absolument les éliminer (leçon rabâchée sans cesse par ses parents), est totalement ébranlée dans ses convictions lors de son face-à-face avec Fabrice, le mage noir. Celui-ci lui apprend que les mages noirs ne sont pas les méchants, mais plutôt les victimes des mages « aux couleurs » car ceux-ci ont toujours « jalousé et craint » les pouvoirs des mages noirs qui peuvent utiliser la « couleur » noire (c’est une couleur, le noir, à proprement parler ? On va dire oui, comme les tomates sont des légumes….On va dire ça…). Du coup, la stratégie des mages noirs, qui sont en voie d’extinction, est assez ingénieuse et consiste à transformer des jeunes mages à l’aide d’un rituel magique (notamment les petites ados vierges) en mages noirs pour que les autres mages soient obligés de les accepter (en comptant sur le lien affectif des parents sur leurs enfants, notamment…). Comme le dit Fabrice, c’est l’ignorance des uns envers les autres qui mène aux massacres. (au racisme, à la guerre etc etc….C’est vieux comme le monde....Et toujours d’actualité, vous me direz !….). Et bien évidemment, la transformation de Manon en mage noire à la fin du tome m’a coupé le souffle et je n’ai qu’une envie : Lire la suite pour savoir si elle va réussir à dissimuler sa nouvelle nature à ses parents (il ne faut pas oublier que son père est un sacré « éradiqueur »  de mages noirs) et si jamais ils le découvrent, continueront-ils à aimer leur fille ?.....Rien que d’écrire ces lignes, cela me donne envie de lire la suite, dis-donc !!

« Bon, récapitulons. Les Mages Noirs ne sont pas aussi méchants qu’on le croirait, ils sont adorables, ce sont eux les victimes, ils sont pourchassés, blablabla. Jusqu’ici, d’accord. À la place de Fabrice, je serais plutôt énervé. S’il m’avait demandé mon aide dans sa lutte, peut-être que je la lui aurais donnée, tiens. Mais ils tiennent à me sacrifier dans leur rituel à la con pour révéler les pouvoirs de Manon et là, je suis moins partant. Seulement je n’ai pas mon mot à dire. Écartelé sur le pentacle, pieds et poings liés, je ne vois pas comment me sortir de cette situation en un seul morceau. Preuve de ma terreur grandissante, ma pudeur diminue en proportion, et ma nudité ne me dérange plus autant.
– Euh, je suis pas vraiment d’accord, protesté-je en relevant la tête du mieux que je pouvais. Manon est encore sous le choc. On le serait à moins, mais je préférerais qu’elle élabore un plan d’attaque ou de fuite.
– Et si je ne veux pas faire partie des vôtres ? demande-t-elle sourdement, ignorant mon intervention. Le Mage hausse les épaules. –
 Ton avis n’a pas beaucoup d’importance. Que tu le veuilles ou non, tu maîtriseras le Noir, comme nous. Et, bien entendu, cette information sera diffusée auprès de tes semblables. Tu ne retrouveras jamais ta vie d’avant. Ils ne prendront pas le risque de te laisser en liberté. Ton père parviendra peut-être à te sauver la vie, mais tu finiras ton existence dans une prison
– à répéter en boucle des expériences pour leur permettre de mieux comprendre le Noir.
– Et si c’était ce que je voulais ? le défie-t-elle. Et si justement, grâce à moi, ils trouvaient enfin le secret du Noir ?
– Si seulement... Je le répète, c’est l’incompréhension qui engendre la haine. Mais j’ai peu d’espoir. Tu penses vraiment que tu serais la première Mage Noire à tomber entre leurs mains ? Durant le Moyen Âge, durant l’Inquisition – et même ces derniers temps – tu n’imagines pas combien de Mages Noirs ont été torturés sans succès. Comme toutes les autres Couleurs, le Noir se vit, il ne s’explique pas.
– Et pourtant vous avez découvert comment le propager, observe Manon. Fabrice me désigne d’un geste du menton : – Comme tu le vois, la logistique n’est pas encore au point. J’ai toutefois bon espoir que la première brique d’un pont entre nos magies soit posée ce soir, grâce à mes recherches. Voilà des années que j’étudie les écrits de l’époque romaine, en quête du moindre indice, de la moindre solution. Il devait bien y avoir une raison pour que la magie noire ait éclos à cette époque. Si je ne l’ai pas encore trouvée, j’ai au moins pu analyser et apprendre son rituel ».

« Mes parents avaient raison. Il serait plus heureux ainsi. Il retrouverait sa vie d’avant, avec ses amis. Il rirait avec eux et nierait s’être jamais intéressé à moi. Il reprendrait ses gants de boxe. Il sortirait avec d’autres filles. Je sentis une vive douleur à ma main gauche et réalisai que je m’étais enfoncé les ongles dans la paume jusqu’au sang. J’étais ridicule. Et pourtant, j’aurais aimé qu’il n’ait pas perdu la mémoire. Car désormais à qui allais-je parler de ce qui venait de se passer ? Mes parents n’avaient rien remarqué – comme Fabrice l’avait prévu. Pourtant, au fond de moi, je sentais un ouragan se déchaîner. Lorsque je fermais les yeux pour chercher les Couleurs, je voyais le Spectre à travers un nuage sombre qui m’attirait, m’attirait au plus profond des ténèbres. Le rituel avait réussi et je savais que je pouvais désormais utiliser la magie noire. Pour le meilleur et pour le pire. Je regardai une dernière fois le corps carbonisé sur le sol, cet homme que mon père n’avait pas hésité à supprimer alors qu’il aurait facilement pu le faire prisonnier. Ses yeux toujours ouverts fixaient le plafond. Il semblait rire d’une plaisanterie qu’il était le seul à comprendre. Je m’appelle Manon, j’ai quinze ans, mon père est membre du Conseil des Mages... et je suis désormais une Mage Noire. Comme dirait Alexandre : putain de bordel de merde ».

Pour conclure, ce premier tome de la saga d’aventures fantastiques pour adolescents Le noir est ma couleur m’a fait passer un très bon moment de lecture ! L’auteur français Olivier Gay arrive à nous plonger dans son histoire dès les premières lignes grâce à une écriture fluide basée sur les points de vue alternants entre Alexandre et Manon. Le côté fantastique du récit avec l’existence de mages qui tiennent leurs immenses pouvoirs grâce aux couleurs est plutôt inventif et m’a énormément intriguée. Et bien entendu, il y a cette fin de tome qui se termine sur un gros suspense et qui ne peut que nous donner envie de lire la suite. Je comprends le succès qu’a eu cette saga (le prix Chimères en 2015, notamment). Ce livre peut être lu par les jeunes et les moins jeunes (comme moi, du haut de mes 38 ans). Je vous le recommande totalement et pour ma part, j’ai hâte de lire la suite (cela ne devrait pas tarder…).


Ma note : 18/20

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