mercredi 23 mars 2016

Si on nous l'avait dit

Laura Trompette
Les éditions JC Lattès (&moi) 2016
283 pages

Synopsis :
Dans sa Corrèze natale, Alice Perret rêve de jours moins monotones, tout en acceptant avec bienveillance sa routine au sein de la ferme de ses parents. Elle mène en réalité une double existence : si Alice n’est personne dans sa campagne, elle est quelqu’un en ligne. L’arrivée impromptue de Nolan Sharp, businessman anglais en vadrouille dans l’hexagone, va renverser l’ordre établi. En l’espace de vingt-quatre heures, un événement tragique va rapprocher ces deux êtres qui n’étaient en rien prédisposés à se connaître, encore moins à s’attacher…
Une romance entre un anglais et une française, cela faisait un moment que j’avais envie d’en lire une. Evidemment, en plus des nationalités des personnages, il y a le contexte de leur rencontre qui prend une part importante dans mes choix de lecture. Du coup, quand j’ai lu le résumé de Si on nous l'avait dit, je me suis dit : C’est pile poil ce que je recherche en ce moment !

Alors maintenant que j’ai terminé cette histoire,  je dois dire que c’est plutôt rare les livres qui me laissent deux impressions si différentes à la fin de ma lecture ! En effet, si j’ai beaucoup aimé Si on nous l'avait dit dans son idée générale, ce livre possède néanmoins quelques défauts sur lesquels j’ai du mal à passer, et c’est dommage.

Je me demande si ce livre n’aurait pas mérité quelques chapitres supplémentaires pour avoir un meilleur développement et donc, un aboutissement total de son histoire car il faut bien admettre que certaines questions soulevées par l’auteure durant son récit restent en suspens…(cela dit, je parle peut-être un peu trop vite et l’auteure, Laura Trompette, a peut-être prévu un 2ème tome qui viendra combler mes différentes interrogations ?...). Wait and see….

En même temps, malgré ce que les lignes au-dessus pourraient laisser penser, je tiens quand même à préciser que j’ai bien aimé ma lecture, même si, finalement, elle n’a rien d’original et reprend les codes maintes et maintes fois utilisés pour les romances de ce genre, c'est-à-dire le mec hyper riche à 30 ans qui tombe amoureux de la petite « Cendrillon » banale et ordinaire (j’exagère peut-être un peu, mais vous comprenez l’idée…)…..Alors, moi, cela ne me dérange pas trop car j’ai compris les règles du jeu de la mode actuelle des maisons d'édition qui nous déversent par flots entiers ce genre de personnages stéréotypés depuis le très emblématique Christian Grey….Et puisque je les lis à petites doses, ça va bien de temps en temps…et justement, cela me permet de souffler un peu entre deux lectures un peu plus « étoffées » (par exemple, dans mon cas personnel, je viens de terminer le 3ème tome d’Angelfall et après Si on nous l'avait dit, j’entame le 3ème tome de Meg Corbyn, qui sont donc deux sagas vraiment excellentes, mais attention, ça mord et ça bouffe de l’humain dans les deux cas….)….

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Un anglais avec une française : En fait, les romances qui ont pour couple ce genre de « mélange culturel » ne sont pas très fréquentes. (oui, les Américains ou les Ecossais, par exemple, sont un peu plus présents dans les bouquins)…..Alors dans la mesure où, nous, Français, avons tout de même une relation assez particulière avec nos voisins British – cette espèce de rivalité, d’amour/haine entre nous – j’étais vraiment curieuse de voir comment l’auteure Laura Trompette allait mettre en lumière nos différences culturelles….Alors, il y a des éléments vraiment sympas, des clins d’œil marrants dans Si on nous l'avait dit (par exemple, quand Nolan parle de Johnny Hallyday qui passe en musique de fond dans l’étable des parents d’Alice)…..Mais peut-être que l’auteure aurait pu insister un peu plus sur l’antagonisme de nos cultures respectives. Après, je trouve aussi que le fait d’avoir « catapulté » un jeune businessman anglais dans la campagne profonde corrézienne était judicieux et il a vraiment de la chance qu’Alice, comme par hasard, fasse des études d’anglais, c’est effectivement plus facile pour dialoguer entre eux vu que les parents ou le frère d’Alice ne parlent pas du tout cette langue (normal pour les parents, par contre, pour le frangin qui a 35 ans, je m’étonne un peu….). En plus, comme l’auteure a décidé d’alterner les chapitres des points de vue respectifs de Nolan ou d’Alice, nous avons donc les pensées de l’anglais sur ce qu’il découvre dans ce petit coin perdu de France, c’était assez plaisant à lire.

2#-Alice, youtubeuse pendant ses heures perdues : J’ai particulièrement apprécié ces passages. L’auteure a parfaitement retranscrit les mimiques verbales, les attitudes des youtubeurs qui exposent leur vie et leurs pensées via internet. Alors après, je m’étonne un peu qu’Alice ait autant d’abonnés (dans les 100 000, c’est pas rien !) et que personne dans son village n’ait découvert sa notoriété ?....Et il est aussi intéressant de voir les interrogations qu’elle se pose quant à dévoiler ou non à ses abonnés les éléments très intimes - autant dans le bonheur ou dans le malheur – qui la touchent durant le livre. Alice est clairement une fille qui vit avec son temps avec son smartphone et sa chaîne youtube mais elle a aussi gardé ses pieds bien ancrés dans la réalité, avec ses tâches quotidiennes et les obligations de la ferme….En effet, l’élevage d’animaux, tenir une exploitation agricole, ne permettent pas de rêvasser et obligent à prendre ses responsabilités d’adulte dès le plus jeune âge. Pour cela, elle peut compter sur l’exemple de ses parents courageux (comme souvent c’est le cas chez les agriculteurs, de toute manière !).

« Salut le monde, ici la campagne ! On est 100 000 !!! 100 000, vous vous rendez compte ? C’est de la folie ! Merci mes haricots pour votre fidélité, en tout cas, c’est incroyable ».

3#-La famille d’Alice : Les parents d’Alice sont hyper attachants. Nous sentons leur bon cœur et leur authenticité à travers les descriptions de l’héroïne. J’ai aussi beaucoup apprécié le fait que soit abordé le sujet du végétarisme. Evidemment, c’est normal que ce choix de vie puisse paraître totalement incongru dans une famille d’agriculteurs. Si je suis d’accord avec les principe d’Alice (moi-même, sans être végétarienne, j’essaye – et j’arrive – à me limiter à de la viande une fois par semaine), je comprends aussi ses parents – surtout son père - qui ont un mode de vie qui exploite les animaux et surtout, qui ne peuvent pas se permettre de faire des sentiments avec les bêtes (un lapin, c’est fait pour être bouffé pas câliné, point barre !)…En parlant d’animaux, j’ai aussi beaucoup apprécié le rôle important qu’ils prennent dans la vie de l’héroïne. Que ce soit son chien Iron, les vaches qui ont toutes un prénom, la petite « Little » etc, et bien c’était super de pouvoir les mettre autant en avant dans le récit ! Seul bémol, à force de s’être attaché à eux durant le livre, bah je me pose des questions quand on sait ce qui se passe dans la vie d’Alice à la fin de l’histoire…..


4#-Un récit addictif, fluide, bien décrit : Laura Trompette a réussi à me faire entrer dans son histoire dès les premières pages. Je me suis rapidement attachée à Alice, ainsi qu’à sa famille, son chien, ses vieilles amies jumelles etc…..Le comportement de certains personnages, s’il a pu être caricatural par moment, est finalement bien analysé par Alice elle-même et donc, ça passe bien (je pense notamment à son grand frère Arthur ou son ex petit copain Bastien). Les chapitres consacrés du point de vue de Nolan sont aussi très intéressants, même si, je déplore qu’il ressemble à ce stéréotype constant du mec plein aux as à 30 ans….Mais c’était vraiment sympa de voir son évolution, sa rencontre avec un monde différent du sien, un monde plus authentique (Laura Trompette prêche pour une convaincue car je pense aussi clairement que rien n’est plus sain que la vie auprès de la nature, les animaux sont de parfais antidépresseurs, les arbres, les fleurs nous aident à nous ressourcer et à réaliser que c’est à leurs côtés que le bonheur existe réellement). A contrario, la vie « hors sol » de Nolan dans le monde des affaires, des voitures de sport et des « mecs qui se la pètent grave », c’est tout ce que je déteste au plus haut point ! (j’en parle en connaissance de cause vu que mon mari est obligé de travailler à Neuilly et qu’il y croise une faune particulière là-bas…..Quand ses collègues femelles parlent de sac Vuitton et ont la gueule tirée au maximum et les sourcils figés et que lui, parle de notre jardin et de la cabane à oiseaux qu’il a construit avec nos enfants….Choc des cultures, choc des pensées, choc des civilisations !...).  

« Entre nos prés et ces monts au dénivelés esthétiques, j’aperçois un bout de la Dordogne. Un peu de bleu dans le vert. Parfois, je réalise combien ce paysage est magnifique, combien c’est une chance de se réveiller avec le chant des oiseaux, des criquets ou des coqs. Serais-je vraiment plus épanouie au son des moteurs de voiture et d’une ville surpeuplée ? ».

Ce que je n’ai pas aimé dans le livre :
1#-Les sujets abordés brièvement et non exploités par la suite : Je ne comprends pas trop pourquoi l’auteure a abordé certains thèmes dans son récit – qui n’apportaient rien à l’histoire – si ce n’est pas pour les avoir un peu plus développés. Je pense notamment aux problèmes de Déborah, la meilleure amie d’Alice – qui sont découverts fortuitement par l’héroïne et qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe – ou bien aussi, le fait d’avoir évoqué les parents de Nolan, leur relatif snobisme….Du coup, quand le livre se termine, moi, je me suis clairement demandé si Alice n’allait pas se jeter dans la gueule du loup quand elle allait un jour rencontrer les parents de Nolan ?....

2#-Nolan = Ian Somerhalder : Alors, je dois dire que je n'aime pas du tout quand les auteurs décrivent leurs personnages en faisant une comparaison avec un acteur connu. Il faut laisser aux lecteurs, ou ici, en l’occurrence, aux lectrices, le choix de leur imagination. Je n’ai rien contre Ian Somerhalder, mais franchement, c’est pas ma tasse de thé (pourtant, on a le même âge, je suis née en 1978 comme lui….Remarquez, ça n’a rien à voir ce que je dis là, mais c’est juste pour faire ma kéké…)…..Du coup, je suis désolée, mais moi, j’ai imaginé Nolan sous une autre apparence (je ne dirai rien de plus, même sous la torture !!!). N’en déplaise à l’auteure mais quand elle évoquait à chaque fois la ressemblance de Nolan avec Mr Somerhalder, bah j’étais énervée et déboussolée ! Faut pas faire ça, messieurs et mesdames les auteurs !!!!!! 


3#-Les scènes de sexe : Rien de préjudiciable à l’histoire mais bon, y’en a ras le bol des héros qui ont un énooooorrrme zizi et qui sont de merveilleux amants etc etc…Pitié !!!!…..J’avoue que je n’ai lu que la première scène olé olé entre Alice et Nolan, mais comme elle m’a gonflée car elle ressemble à toutes celles de ce genre de romances (le super amant commence par le bas avec sa langue etc….Pitié !!!!!!!!!!!), bah après, j’ai passé les autres car finalement, c’est toujours la même chose…Heureusement, l’auteure a eu l’intelligence de ne pas trop plomber son livre avec ces scènes de sexe, parce que franchement, ça n’apporte rien au récit ! Pour vous faire comprendre ce que je veux dire, et bien je vais reprendre l’exemple du 2ème tome de The captive « Renégate », que j’ai lu il y a peu de temps. Dans ce livre, pas de scène de sexe explicite, mais il y a une scène de baiser magistrale entre les deux personnages principaux….Ca, ça donne des papillons dans le ventre !!!! Ca, c’est de la passion !!!! (et pourtant, pas de sexe racoleur dans l'histoire ! - juste - un - bai - ser !)....


Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez en surbrillance sur le texte !
La mort du père d’Alice : C’est la vie, me direz-vous….Et sans doute que si ce drame n’avait pas eu lieu, Nolan ne serait pas resté plus longtemps dans la ferme d’Alice et leurs liens ne se seraient pas plus approfondis…Mais justement, c’est cela que je reproche à l’auteure, car même si elle a quand même un peu abordé la souffrance des personnages, cela n’a pas été assez dans l’empathie…..A vrai dire, je n’ai pas ressenti d’émotion particulière quand le père d’Alice est décédé. Moi qui suis d’habitude une vraie pleureuse dans ce genre de situation, je n’ai pas réussi à « entrer dans le drame »….Et finalement, la romance entre Alice et Nolan est tellement présente, surtout leur jeu de séduction, quelque temps après la mort du père d’Alice, que du coup, cela m’a fait oublier plusieurs fois que la jeune fille était censée être en deuil et non dans le mood de « tomber amoureuse d’un mec et se demander si elle devait ou non lui envoyer des photos osées d’elle-même via son smartphone »….Je ne sais pas…J’ai trouvé que l’auteure a été froide dans sa manière de gérer les émotions de ses personnages….Comme si la mort du père d’Alice était le prétexte scénaristique  tout trouvé pour que Nolan puisse avoir une raison valable de rester plus longtemps en France auprès d’Alice…Mais dans le contexte pesant de la situation, dans la vie réelle, est-ce qu’une fille de 22 ans qui vit chez ses parents et qui perd son père subitement pourrait vraiment avoir le cœur à tomber amoureuse à ce moment là ?....Je suis peut-être trop sensible mais le fait d’avoir mêlé si rapidement drame familial et flirt poussé m’a beaucoup gênée…..

Pour conclure, Si on nous l’avait dit ne va pas révolutionner le genre littéraire dont il fait partie dans la mesure où il n’a pas grand-chose d’original par rapport à la multitude de ses camarades livresques. Cependant, le fait qu’Alice soit une héroïne française, originaire d’un petit village menant une vie simple et authentique et qu’elle tombe amoureuse d’un anglais huppé (et non d’un américain, pour changer), apporte un petit plus au récit (ce qui a fait que je l’ai lu, lui, plutôt qu’un autre roman du même genre). Cela dit, nous sommes toujours dans le schéma classique du « prince qui épouse la bergère », mais si vous êtes d’accord avec ce concept alors ce livre devrait vous satisfaire. Il y a beaucoup d’éléments positifs dans ce livre, comme par exemple, le caractère lumineux de l’héroïne, le fait qu’il y ait beaucoup d’animaux qui ont la part belle dans le récit, la famille courageuse et aimante d’Alice, avec leurs belles valeurs – tout cela a contribué à une lecture très agréable et très rapide (oui, j’avais envie de connaître la fin et je pensais souvent aux personnages quand le livre était fermé), mais, il y a aussi des défauts dans ce livre qui m’ont fait tiquer, notamment un certain nombre d’éléments soulevés par l’auteure, Laura Trompette, mais qui n’ont pas été plus développés que cela par la suite. Du coup, j’ai une sorte de sentiment d’inachèvement à la fin de ma lecture. Je veux bien que les auteurs proposent des fins « ouvertes » mais je trouve que celle-ci l’est un peu trop et franchement, Si on nous l’avait dit mériterait amplement un second tome ! Un second tome que je lirai avec grand plaisir, d'ailleurs ! (c’est peut-être prévu par l’auteure, remarquez !).

Ma note : 16,50/20

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